lundi 22 février 2021

Le monde merveilleux des soins visuels en France

La prise en charge des soins visuels en France repose sur le travail de trois professionnels distincts :

  • l'ophtalmologue : médecin formé en établissement hospitalier universitaire à la pratique médicale générale pendant 6 ans, avant de spécialiser ses compétences sur l'oeil et ce qu'il l'entoure (paupières, contenu de l'orbite, voies visuelles cérébrales...). L'ophtalmologue a un diplôme de docteur en médecine, très souvent doublé d'une capacité en chirurgie.

  • L'orthoptiste : professionnel paramédical formé sur 3 ans en école d'orthoptie, au sein d'un centre hospitalier universitaire. Ses fonctions consistent à dépister et analyser les fonctions visuelles (perception, fonction, mobilité) et rééduquer les déséquilibres visuels.

  • L'opticien : professionnel marchand, formé à l'optique, qui commercialise les équipements optiques (lunettes, lentilles...) et conseille sur leurs choix.


A différencier de deux autres professions qui tournent autour de l'oeil, dont le nom et les rôles sont souvent sources de confusion :

  • l'oculariste : technicien assimilé à un auxiliaire de santé, qui réalise et adapte les prothèses oculaires (œil de verre).

  • l'optométriste : professionnel de l'optique aux compétences apparentées à l'opticien-lunetier, mais formé en école spécialisée sur 5 ans (formation non reconnue en France).


Dans notre pays, la prise en charge des patients désireux de contrôler leur vue ou souffrant d'un problème ou d'une maladie oculaire passe par la consultation médicale auprès de l'ophtalmologue.

Le médecin que vous verrez à cette occasion va non seulement mesurer votre œil et vous faire lire, afin de déterminer la meilleure correction possible pour votre vue, mais également procéder à un examen approfondi de votre œil : mesure de la tension oculaire, examen de la surface et du fond de l'oeil, contrôle de la motricité...

Cet aspect médical du rendez-vous chez l'ophtalmologue est primordial dans le dépistage des pathologies visuelles telles que le glaucome, la cataracte, la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA), l'amblyopie ou le strabisme de l'enfant... En effet, l'orthoptiste et l'opticien ne disposent pas de la formation et des moyens d'examen suffisants pour identifier et soigner ces maladies, dont la méconnaissance peut amener à de graves handicaps visuels.

On estime qu'un tiers des simples consultations de vérification de la vue chez l'ophtalmologue aboutit au dépistage d'un problème oculaire.

C'est pourquoi, encore aujourd'hui, la prescription d'équipements optiques reste médicale, conditionnée à une visite chez votre ophtalmologue.


A la fin des années 1970, les autorités politiques de l'époque prirent la décision de limiter l'accès aux études de médecine, pensant que les dépenses globales de Santé se limiteraient avec le nombre de médecins en exercice. Le Numerus Clausus médical fut mis en place.

L'évolution démographique des années 2000, avec le vieillissement des populations du Baby-boom, a cependant entraîné depuis une demande croissante de soins généraux et de spécialités. Dans le même temps, les innovations techniques et thérapeutiques permettaient la prise en charge de pathologies jusqu'alors non traitables. Ainsi, en ophtalmologie, le développement de produits d'injections intra-vitréennes a révolutionné lepronostic dans la DMLA, le diabète ou les occlusions vasculaires rétiniennes.

Parallèlement, les départs en retraite des générations de soignants formés avant la limitation du Numerus Clausus n'ont pas pu être compensés, faute d'anticipation des pouvoirs publics sur la pénurie grandissante de médecins.

Depuis quelques années, le Numerus Clausus a été relevé, mais dans des proportions limitées, et avec une limitation des postes ouverts dans les différentes filières de spécialités médicales et chirurgicales.

Il en va ainsi pour l'ophtalmologie, dont les besoins en professionnels formés sont évalués à 240 par an pour assurer le renouvellement des praticiens arrêtant leur exercice, alors que seulement 150 postes d'internes par promotion sont accessibles en France. Pourtant, la discipline est un des premiers choix chez les futurs internes après l'Examen Classant National.

Les chiffres le prouvent (Sources SNOF) :

  • Près d'un ophtalmologue sur 2 n'est pas remplacé à son départ en retraite.

  • 2500 praticiens devraient cesser leur activité dans les 10 ans à venir (sur 6000 spécialistes).

  • Les praticiens étrangers représentent plus d'un tiers des nouvelles installations d'ophtalmologues en métropole.

  • Il y a à peine 9 ophtalmologues pour 100000 habitants en France. Leur âge moyen est de 54 ans.

  • Il faut 11 ans pour former un ophtalmologue.

Dans ce contexte de pénurie médicale, les délais de consultation d'ophtalmologie se sont logiquement accrus, avec un risque de retard de prise en charge préjudiciable pour les patients.


Pour éviter cela, la filière visuelle s'est progressivement organisée en optimisant la délégation des tâches au sein des cabinets.

Ainsi, l'aide des orthoptistes dans les consultations ophtalmologiques, pour la réalisation des bilans de vue et des examens complémentaires (comme le champ visuel, l'OCT...), a permis aux médecins de recentrer leurs actions de soins sur l'aspect médical de la pratique.

Ces organisations expliquent que, lors de votre rendez-vous chez l'ophtalmologue, vous soyez pris en charge par plusieurs acteurs de soins spécifiques, avant que la synthèse de votre dossier soit réalisée par le docteur spécialiste, en charge de votre traitement.

Grâce à cela, le délai moyen de rendez-vous chez les ophtalmologues français est passé de 66 à 43 jours en 2 ans.

De plus, sous l'impulsion des ophtalmologues, certaines procédures de coopération avec des orthoptistes autonomes ont vu le jour. Il s'agit par exemple du protocole RNO, pour Renouvellement d'équipement Optique, qui permet l'accès direct, sous certaines conditions d'âge et de suivi, à un bilan visuel orthoptique complet, menant à la prescription de lunettes après vérification du dossier par l'ophtalmologue.

Enfin, les prérogatives de renouvellement des équipements optiques ont été graduellement revues, afin de faciliter la mise à jour des lunettes par les opticiens, dans des délais raisonnables de suivi médical, sans nouvelle prescription. Par exemple, si vous avez entre 16 et 42 ans, votre ordonnance de verres est adaptable par votre opticien pendant 5 ans.


Votre ophtalmologue demeure néanmoins votre interlocuteur privilégié sur tout ce qui concerne la santé de vos yeux. Lui seul dispose des compétences médicales pour diagnostiquer, suivre et traiter les maladies oculaires. Le passage par la consultation ophtalmologique reste, à tout âge, un moment clé du dépistage des problèmes visuels.

Votre ophtalmologue a pleinement conscience de cette importance, et même si, indépendamment de sa volonté, les moyens médicaux humains nécessaires à cette tâche s'avèrent actuellement limités, sachez qu'il met tout en œuvre pour que l'organisation des soins visuels soit optimale sur le territoire. La santé de vos yeux en dépend.

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Moutons 🐑🐑🐑🐑🐑

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